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Quatre semaines plus tard, botté, orné d’un brassard à la croix gammée, je marchais chaque jour pendant des heures au sein d’une colonne en uniforme dans les environs de Jüterbog, en chantant en chœur avec tous les autres Siehst du im Osten das Morgenrot ou Märkische Heide ou quelque autre chanson de marche. Nous avions un drapeau – à la croix gammée, bien sûr –, et parfois ce drapeau nous précédait, et quand nous traversions un village, les gens à droite et à gauche levaient le bras devant le drapeau, ou disparaissaient en vitesse dans l’entrée d’une maison. Ils faisaient cela parce qu’ils avaient appris que nous, donc moi, allions les rouer de coups s’ils s’abstenaient. Moi, je me cachais dans une entrée sur le passage des drapeaux quand je n’étais pas tenu de marcher derrière, et plusieurs d’entre nous en faisaient autant, mais cela ne changeait absolument rien. Maintenant, c’était nous qui marchions derrière le drapeau, si bien que tous les passants voyaient en nous une menace muette. Et tous, ils saluaient ou fuyaient. Parce qu’ils avaient peur de nous. Peur de moi.

Aujourd’hui encore, j’ai le vertige en pensant à cette situation. Elle contient dans une coquille de noix le Troisième Reich tout entier.